Les chaînes de télévision de Kinshasa appelées à améliorer leurs programmes

A Kinshasa, l’espace médiatique est presque saturé. A ce jour, le produit servi aux enfants est loin d’être sain. Dans la grille des programmes des médias audiovisuels congolais, tant public que privés émettant à partir de la République démocratique du Congo, les émissions consacrées à l’enfant sont presque inexistantes ou insignifiantes.
Les chaînes de télévision émettant à partir de Kinshasa livrent aux enfants tout, sauf ce qui leur faut. Les programmes des médias sont souvent faits de musique et des danses obscènes, immorales, impudiques, etc. Moins des programmes éducatifs, d’émissions adaptées à leur âge. Des émissions ayant trait au civisme, à l’histoire du pays et à une distraction saine sont quasi inexistantes, de manière générale.
Si l’on souhaite suivre des émissions adaptées aux enfants, on recourt aux chaînes câblées (canal +, Startimes…) dont l’abonnement n’est pas à la portée de tout le monde.
« Gêné par la qualité de nombreux programmes de télévision, certains parents empêchent leurs enfants de regarder la télévision. D’autres ont pris la décision de vendre leurs postes téléviseurs », on fait savoir quelques enfants interrogés.
Elysée Bilonda (11 ans), explique que son père avait vendu leur poste-téléviseur parce qu’il les a trouvé, à plusieurs reprises, en train de regarder les séries d’amour. Florent Mbaka (13 ans), regrette la qualité des programmes qu’ils sont obligés de suivre chaque jour. Et de s’interroger : « je ne sais pas si les enfants des propriétaires de ces chaînes regardent ces programmes qui ne diffusent que ce qui n’éduque pas ».
Corneille Malalaku, directeur de programme de CMB DIGI, une chaine de télévision émettant à partir de Kinshasa, s’est dit indifférent aux programmes que diffusent certaines télévisions locales. Selon lui, les chaînes de TV. dont il s’est refusé de citer des noms, offrent aux enfants des émissions à caractère « pornographique ». Il s’inscrit en faux contre les chaînes de télévision locales qui ne contribuent pas au développement mental des enfents.
« Chez nous, nous avons des émissions spécialisées pour l’enfant comme rue Bambele, qui est une émission réservée aux enfants dont l’objectif est de tester les connaissances acquises à l’école », s’est-il défendu.
« Si la télévision a une grande influence sur les grandes personnalités et à plus forte raison sur les enfants qui n’ont pas encore un esprit critique soutenu », a fait observer Patrice Mangenda, directeur de programme de Numérica TV. Il affirme que leur chaîne réserve des programmes pour enfants, dont : « Jardin d’enfant » et « tribune d’enfant », conçu pour divertir les enfants et leur donner la parole afin de vulgariser leurs droits et devoirs.
D’après Claude Mukeba, expert en journalisme audiovisuel, les programmes à la TV sont faits pour les catégories de téléspectateurs auxquelles ils sont déstinés. Selon lui, les programmes spécialisés pour enfant peuvent être dans les contrats informatifs, éducatifs et divertissements. Dans les programmes réservés aux enfants, on doit toujours avoir des émissions éducatives.
« Il faut comprendre aussi que pour les chaînes de télévision privées, la publicité est l’une de leurs plus grandes sources financières », a-t-il expliqué.
Selon un spécialiste en psychologie de l’enfant qui a requis l’anonymat, les enfants s’adaptent facilement à l’environnement où ils se trouvent. Plus de 90% des enfants adoptent les comportements qui sont en face d’eux, car ils n’ont pas un esprit critique les permettant à distinguer le bien et le mal.
Jean Marcel Bosamba, secrétaire principal d’inspection et conseiller juridique au Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), explique que le CSAC est chargé d’œuvrer pour la production des émissions, programmes, documentaires éducatifs et d’articles des journaux respectueux de valeurs humaines. Notamment la dignité de la femme ainsi que de la jeunesse et des groupes vulnérables.
Il a souligné que toute chaîne de télévision doit prévenir les parents, au travers la bande passante qu’une telle émission ne peut être regardée par les enfants de tel ou tel âge.
« Les sanctions peuvent être la suspension de l’émission, la fermeture de la chaîne de TV ne dépassant trois mois pour celle qui va à l’encontre de cette instruction », averti-t-il.
Interrogé, un avocat du Tribunal pour enfants de Kinshasa/Matet a fait savoir que plusieurs lois sont violées à ce sujet. Il s’agit premièrement de l’article 28 de la loi n°9/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant en République démocratique du Congo, qui stipule que : « l’Etat veille à l’application effective des textes légaux garantissant la diffusion de l’information et des programmes qui ne porte pas atteinte à l’intégrité morale ni au développement de l’enfant ».
Dans le même ordre d’idées, la charte  africaine des émissions pour enfant dit que les enfants devraient avoir les programmes de première qualité spécialement conçus pour eux. C’est pourquoi il est demandé, dans son article 17 au Etats membres de veiller sur la qualité des programmes de télévision réservés aux enfants.
JEAN-HILAIRE SHOTSHA

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