Kinshasa : des enfants contraints aux durs travaux pour palier à la pénurie d’eau

Agés de moins de 18 ans, plusieurs enfants de Kinshasa s’adonnent à des exercices pénibles pour palier à la carence d’eau que connaissent plusieurs quartiers de Kinshasa.
Au quartier Mbila à Mpasa, ils sont nombreux ces enfants qui transportent des lourdes charges pour approvisionner leurs familles en eaux. Ce quartier de l’Est de Kinshasa qui manque les robinets de la Régideso depuis près de 15 ans. Ainsi, les parents accompagnés de leurs enfants, se réveillent tôt pour aller chercher de l’eau à la source.
Des mineurs au-devant de la scène
Chaque jour, au petit matin, des enfants, des jeunes et des adultes prennent les chemins  des rivières qui entourent le quartier pour puiser de l’eau. Dimanche 26 juin, Yolande,  âgé de 15 ans, transporte bidons de 25 kg à une distance de 2km de la source à la maison. Interrogé, Yolande affirme que c’est chaque jour qu’elle est obligée d’aller puiser de l’eau à la source.
Les gens qui ne veulent pas l’eau de la source partent chercher l’eau de la REGIDESO au Camp militaire Seta. La scène est pénible surtout pour les adolescents. Ils doivent effectuer au moins 3 kilomètres de marche sur des routes sablonneuses avec chacun une charge d’eau. Habituée à cette situation, la population Mbila y arrive en prenant une courte pause chaque fois qu’elle est essoufflée. Chaque matin, enfants et adultes consacrent plus d’une heure à cette activité. « Nous n’avons pas d’autres choix. Pendant que moi, je m’occupe du ménage, mes enfants sont là pour m’aider à puiser de l’eau », a expliqué une mère de famille.
A force de s’adonner régulièrement à cet exercice, les enfants des quartiers de Kinshasa ne se rendent plus compte du danger que cela peut causer à leur santé. « Il est vrai qu’avant, il était difficile de s’y habituer à cause de la douleur des muscles, mais parce qu’on en a fait notre activité de tous les jours, le corps s’est aussi habitué », a certifié un enfant, âgé de 12 ans qui a requis l’anonymat.
Pour les spécialistes de santé, il est déconseillé non seulement aux enfants, mais aussi à tout individu quel que soit son âge de transporter une lourde charge sur une longue distance et surtout sur un terrain moins favorable (sablonneux ou montagneux). Cet exercice peut jouer en défaveur du rythme cardiaque du transporteur. Ensuite, les os de la personne qui subit la lourde charge peuvent connaitre une déformation. Lorsque cet exercice est fait sous un temps chaud et ensoleillé, cela suscitera même de la nervosité, de l’anxiété et de la migraine chez la personne concernée. Cette situation est encore pire lorsqu’il s’agit d’un enfant. Car, son quotient intellectuel va dégringoler et la taille de son corps va difficilement se développer.
Ce que dit la loi
En plus des conséquences sur la santé, l’exercice par des enfants des travaux durs est aussi interdit par les lois du pays. Dans l’article 53 de la loi portant protection de l’enfant en RDC, alinéa E, il est dit : « Les pires formes de travail des enfants sont interdites. Il s’agit de tous les travaux qui, par leur nature et les conditions dans lesquelles ils l’exercent, sont susceptibles de nuire à la santé, à la croissance, à la sécurité, à l’épanouissement, à la dignité ou à la moralité de l’enfant ».
Jean-Hilaire Shotsha

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

RDC: Petit commerce à Kinshasa: rivalité entre nationaux et expatriés

RDC : le prix de la connexion internet revu à hausse

RDC: affrontement entre la population et les policier à Kasumbalesa